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LE BEAU JARDIN

Par les beaux après-midi d’été, quand le soleil uniformément bleu semble descendre, on dirait qu’au loin, à l’horizon, là où coule le Rhin, la terre n’existe plus, tant elle se confond avec ce bleu du ciel qui s’atténue peu à peu en blancheur. Une vapeur légère et diaphane enveloppe toutes les vives couleurs des vignes, des prés, des bois, des champs et des villages, et souvent se dessine dans l’air pur la flèche de la cathédrale. Spectacle toujours divers, non seulement à chaque saison, mais chaque jour, presque chaque heure, à cause des ciels changeants. Fécondité qui n’a rien d’insolent, mais au contraire une grâce pensive, née de la noblesse des lignes et de la tendresse de la lumière.

Cette variété qui caractérise la nature alsacienne distingue encore les villes. Pas une qui ressemble à l’autre. Strasbourg est la ville intellectuelle, administrative et militaire, capitale que les successives dominations marquent, en l’agrandissant et en la transformant, de leur empreinte. Schlestadt, où Char-