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Cependant il fallait travailler. Chatrian découvrait dans toutes ces nouvelles et tous ces romans de lucratifs sujets de pièces. Déjà en juin 1869, le Théâtre Cluny avait représenté avec succès le Juif Polonais. Une comédie fut tirée de l’Ami Fritz, et reçue au Théâtre-Français. Les partis politiques s’accusaient alors mutuellement d’être les auteurs de nos désastres. La presse conservatrice désigna à la vindicte publique Erckmann-Chatrian, comme écrivains antipatriotes et antifrançais, coupables d’avoir par leurs écrits propagé l’horreur de la guerre et affaibli l’énergie française. On croit rêver, quand on lit aujoud’hui pareilles diatribes, déshonneur de ceux qui les formulèrent, et qui connaissaient, pour y avoir contribué, les vraies causes de notre démembrement.

L’annonce de l’Ami Fritz ne fit qu’attiser cette injuste colère ; sous la plume d’un chroniqueur du Figaro, le pauvre Ami Fritz se changea en monstre de gloutonnerie, de beuverie, d’égoïsme et de lâcheté, et l’œuvre en-