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frontière, n’était qu’une ville d’Alsace un peu avancée, et c’était bien l’Alsace même qu’Erckmann-Chatrian avaient décrite, ses coutumes, la grâce de ses filles, la calme solidité de ses fils, son ciel, sa campagne, la douceur de l’existence qu’on y mène. Prompte d’ailleurs à généraliser, l’opinion renfermait encore dans ce brave Fritz, qui, sous des dehors un peu lourds, a l’âme si ingénue, le type même de l’Alsacien. En cela elle se trompait, car tous les Alsaciens ne sont pas des Amis Fritz, tant s’en faut !

L’Ami Fritz date de 1864. Déjà (car le Fou Yégof, épisode de l’invasion, est de 1862) les deux collaborateurs, sans abandonner leur première manière, s’engageaient dans une autre voie. Ils se rappelaient ce que leur contaient naguère les vieux soldats, les vieux bourgeois, les vieux paysans, et il leur semblait que l’histoire nationale, depuis 1789, fournissait des éléments autrement dramatiques que toutes les combinaisons de l’imagination. Cette histoire, qu’on ne connaissait