Page:Acker - Le Beau jardin, 1912.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

directeurs de journaux gardaient dans leurs tiroirs les manuscrits déposés qui s’appelaient : le Requiem du Corbeau, l’Auberge des Trois Pendus, le Chant de la Tonne. Seul un journal de chez eux, le Démocrate du Rhin, leur donnait une hospitalité obscure ; et encore, à Strasbourg même, le préfet interdisait-il les représentations de leur pièce, l’Alsace en 1814. Chatrian eut alors l’idée ingénieuse de remettre à l’Artiste, que dirigeait Arsène Houssaye, un conte : Le Bourgmestre en bouteille, comme traduit d’un certain Erckmann, célèbre en Allemagne. L’Artiste lut le conte, le loua, le reçut et l’imprima : un conte étranger, et un conte allemand, pensez donc ! On en parla, et la Revue de Paris imita l’Artiste, mais sans qu’il fût besoin de subterfuge. Voilà donc enfin au sommaire d’une grande revue parisienne ce double nom, sous lequel, pendant longtemps, on ne verra qu’une seule personnalité.

Le plus difficile était fait : être publié. Bientôt leur réputation augmenta. En 1859,