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vait son droit, avec la même nonchalance d’ailleurs qu’il avait mise à l’entreprendre. Chatrian n’entendit pas demeurer exilé à Phalsbourg : il demanda et obtint un emploi subalterne dans les bureaux de la compagnie de l’Est. Maintenant, il s’agissait de lutter et de vaincre. Que Paris dut leur sembler terrible, à ces deux Phalsbourgeois, dont l’un, Erckmann, les yeux bleus, de taille moyenne, l’air confortable, continuait à revêtir la culotte en peluche, le gilet de couleur, l’habit carré à boutons de métal, et l’autre, Chatrian, petit, maigre, les cheveux ébouriffés à l’artiste, s’essayait à des allures plus modernes ! Si indestructiblement Phalsbourgeois qu’ils s’efforçaient de perpétuer, en plein Paris, en haut du faubourg Saint-Denis, les traditions du pays natal, se retrouvant chaque soir dans un café, aux prétentions de brasserie, d’où s’échappaient, quand on ouvrait la porte, d’âcres parfums de bière, de tabac et de choucroute.

Paris les accueillait sans complaisance. Les