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vreuil et que traverse le geai avec un cri aigre, dans les vallées étroites où coulent des eaux claires ; nul sentier, nulle ferme, nulle maison forestière qui ne leur soient connus dans cette magnifique partie des Vosges alsaciennes de Saverne à Wissembourg. Chaque jour, chaque heure, la nature, enchantant leurs yeux, pénètre leur âme : s’ils la décrivent si bien, c’est qu’elle les aura, dès leur enfance, enveloppés. Tous deux ils ont enfin instinctivement d’abord, puis l’instinct fortifié par la raison, les sentiments démocratiques et républicains en honneur dans leur petit pays, où le moyen âge a multiplié les villes libres, où 89 et 93 ont excité l’enthousiasme. Ils portent déjà leur œuvre en eux, et, pour être les romanciers de l’Alsace et les romanciers du peuple, ils n’auront qu’à ordonner leurs souvenirs, à transcrire leurs impressions, enfin, à écouter leur mémoire et leur cœur.

Les débuts, certes, ne furent pas faciles. Erckmann, revenu en 1848 à Paris, y ache-