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elle les a vus revenir chargés de lauriers, et son maire a salué, tantôt à la porte de France, tantôt à la porte d’Allemagne, Napoléon tout-puissant ; mais ses rues ont retenti aussi du galop inquiet qui ramenait de Moscou à Paris l’Empereur sans la Grande Armée, et elle a vu défiler les bataillons et les escadrons des alliés envahisseurs. Russes, Autrichiens, Prussiens, courant à la curée ; enfin, bombardée, affamée, dévastée, elle a vu l’ennemi s’installer dans ses murs, abaisser le drapeau tricolore, et hisser le drapeau de l’Empire allemand, qui flotte encore. Petite ville militaire, ses enfants, si l’on excepte Gustave Doré, ne concevaient guère d’autre métier que le métier des armes, et s’appelaient Mouton, comte de Lobau et maréchal de France ; Forty, colonel tué en l’an VII à côté de La Tour d’Auvergne ; Charras, général proscrit du 2 Décembre ; Uhrich, défenseur de Strasbourg. Aujourd’hui, perdue au milieu de ces Vosges bleues qu’elle a cessé de défendre, démantelée, ses