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lités de labeur opiniâtre, d’intelligence entreprenante, d’initiative originale. Je crois bien qu’en eux se rassemblaient, par la position même de leur ville, toutes les vertus des trois races, l’allemande, la suisse et la française, qui constituaient ainsi ce caractère si spécial, le caractère mulhousien. La défaite, d’ailleurs, qui nous arrachait Mulhouse, détermina chez elle une crise qui n’est pas encore terminée. D’une part, en effet, les jeunes gens émigrèrent pour ne pas servir dans l’armée allemande, et déracinés, ne donnèrent pas au delà des Vosges ce qu’ils auraient donné, s’ils avaient continué, sur leur terre natale et sous le régime français, l’œuvre de leurs pères ; à la mort des parents, les grandes industries privées de chefs appelèrent des étrangers. D’autre part, ceux qui restaient pliaient avec peine leur patriotisme à fréquenter, même dans l’intérêt des affaires, les Allemands victorieux, et quelques-uns se confinaient dans un farouche isolement. Mais l’histoire de Mulhouse est trop belle pour que les an-