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presque la rigueur d’une loi, à Mulhouse, comme ailleurs, à mesure que se multipliait le nombre des manufactures, la misère se multipliait parmi les ouvriers. Située à l’extrême frontière, Mulhouse recevait un continuel afflux de Suisses et d’Allemands qui augmentait la population sans cesse déjà grandissante. Des milliers d’ouvriers logeaient dans les villages voisins, obligés de parcourir deux lieues le matin, par tous les temps, pour venir à un travail qui commençait à cinq heures, et deux lieues le soir, pour s’en retourner chez eux, quand le travail était fini, à huit heures. Les autres, voulant reposer davantage, s’entassaient, en ville même, dans de misérables logements, où deux familles couchaient dans la même pièce, sur de la paille que deux planches retenaient sur le carreau. La nourriture se composait de pommes de terre, d’un peu de mauvais lait, de mauvaises pâtes et de pain[1]. La jour-

  1. Les Institutions ouvrières de Mulhouse et des environs, par Eug. Veron. Hachette, édit., 1866.