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LE BEAU JARDIN

trait la pierre. Rien de farouche ou de prétentieux dans ce décor : les sommets arrondis ne s’efforcent pas d’atteindre le ciel et ne se glorifient pas de neiges éternelles ; la rivière n’écume pas, et on ne lui a pas arrangé de cascade. Tout de suite une impression de richesse et de grâce encore un peu sévère. Enfin la vallée s’élargit, une ville apparaît, Saverne.

Petite ville assise au bord des Vosges et comme protégée par elles, Saverne, malgré tout ce qui devrait lui donner l’agitation de l’existence moderne, son canal, son chemin de fer, sa grand’route qui lui sert de grand’rue, demeure presque villageoise. Son passé est trop beau pour que jamais l’avenir lui réserve rien de comparable, et dans le ravissant décor que lui font les montagnes, les bois et les eaux, elle vit de souvenirs, indifférente aux bruits du monde. Son nom est antique et célèbre. César, après avoir battu Arioviste, la fonda, ou du moins les camps d’hiver, Tavernae, Hibernae, bientôt postes permanents,