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naires, de ces subtiliennes, comme on les appelait, parmi ces murs qui avaient des voix, sous les galeries et les arceaux imprégnés de murmures, de rayons, de parfums, de musique, et où le Christ apparaissait. Elles passent, lentes, les yeux inclinés, portant la robe blanche, une chape tannée, un voile noir. Ici, Élisabeth de Sennheim a vu une grande lumière tandis qu’elle priait, et, quand elle se releva, elle pouvait, elle, la vieille ignorante, lire la Bible ; ici, Marguerite de Colmar a vu à la Pentecôte, tandis qu’elle chantait le Veni Creator, briller un feu céleste ; ici, Agnès de Hergenheim a été ravie en extase ; ici, Gertrude de Reinfelden et Adélaïde d’Epfig ont reçu à leur lit de mort les exhortations d’un ange. Là s’élevait le Christ en bois peint, les bras et les jambes déchirés, la chair en lambeaux, les cheveux s’allongeant de chaque côté de la tête, lourds de sueur et de sang, les os et les muscles saillant sous la peau, tel qu’on peut le contempler encore dans l’appartement des demoi-