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annales du mysticisme elles tiennent la première place. On ne lit pas sans une émotion profonde le livre où Catherine de Guebwiller, flambeau de sainteté, entrée au couvent à dix ans, écrivit à soixante-dix ans la vie des premières sœurs, le manuscrit dont l’original, propriété de la bibliothèque de Bâle, exprime en langage mystique les règles de l’ordre, les lettres adressées par le savant dom Pitre au Père Lacordaire ; on ne s’attarde pas sans un trouble infini dans ce cloître mélancolique, sous les arcades gothiques trifoliées, aux roses dentelées, où grimpe le lierre, pleines d’ombre et de fraîcheur, autour desquelles s’ouvraient les cellules. De minces et délicates colonnes que le temps a couvertes de sa rouille, des dalles usées par les siècles, un silence où tombe la plainte monotone d’une fontaine, et emprisonné entre les toits de tuiles pâlies, le ciel si calme : avec quel enchantement la vie éteinte est aussitôt évoquée ! avec quel enchantement on imagine la régulière promenade quotidienne des vision-