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et les femmes cultivaient les champs. Un certain Jacques Schaltenbrand se présente à la maison commune de Colmar. Il avait sept enfants ; trois étaient déjà à l’armée ; il venait s’enrôler avec les quatre autres ; on refuse le plus jeune, âgé de quatorze ans : il supplie la municipalité de l’envoyer à l’armée dès que ses forces lui permettront de servir. Colmar n’avait plus alors pour maintenir l’ordre qu’une compagnie de vieillards de soixante à quatre-vingts ans. Elle donnait sans compter à la France ses enfants, soldats obscurs, ou généraux illustres, comme Rapp, fils du concierge de l’hôtel de ville, enrôlé à dix-sept ans, général à trente-quatre. Le sang versé, la communauté de souffrance et de gloire, la haine de l’ennemi achevaient ce que la douceur française avait si bien engagé. Quand, en 1830, le pays craignit une nouvelle invasion, le même enthousiasme éclata. Tous les citoyens apprenaient le métier des armes et il arrivait fréquemment au barreau qu’un avocat plaidait après avoir seulement