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LE BEAU JARDIN

ler une inguérissable tristesse. Et en effet tout y est mélancolique, jusqu’au ciel qui est bas et à l’air qui n’est pas léger. Le train cependant franchit la frontière, et aussitôt les quais de débarquement militaire, alignés à chaque gare, affirment brutalement dans la Terre d’Empire un glacis contre la France. Le pays est à peine vallonné ; le regard, qui s’étend très loin, contemple des villages pareils à nos villages français, des terres peu fécondes, des étangs où se penchent quelques arbres. Mais soudain le paysage change. C’est une vallée étroite ; des montagnes couronnées de forêts l’enserrent, où se dressent de grands rochers de grès rose ; à leurs pieds court une petite rivière sinueuse et ombragée, la Zorn, et un canal que bordent des platanes la suit, le canal de la Marne au Rhin. La terre de la route qui accompagne la rivière et la terre du chemin de halage qui longe le canal est rose comme les grands rochers. Sur un sommet dont la voie ferrée creuse la base, un vieux château en ruines s’élève, qui domine le vil-