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manières, tous considérant Paris comme la ville par excellence. Le bourgeois de Colmar est formé ; il a acquis ce qui le particularisera toujours : une force tranquille, une grande conscience, une culture intellectuelle très affinée, mais, associé au souci des choses positives, un mélange d’idéalisme et de sens pratique, l’esprit d’initiative et l’attachement aux traditions.

Une telle richesse n’allait pas sans entraîner les convoitises, d’autant plus que les dissensions intestines étaient fréquentes. Les bourgeois, désireux d’être les maîtres, chassaient les nobles, les nobles rentraient, on les chassait de nouveau… La Réforme s’installait à Colmar ; le conseil de ville, composé exclusivement de protestants, détenait pendant quarante ans le pouvoir le plus tyrannique, défendant aux processions de sortir, aux prêtres de porter ostensiblement le viatique aux mourants, aux moines de prêcher, convertissant la chapelle du cimetière en corps de garde et le cimetière qui entourait l’église