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bonne heure le commerce assura sa fortune. Dès les premières années du seizième siècle, elle avait des rentiers que l’on ne savait comment classer dans les corps de métier. Ville de commerce, elle était déjà aussi une ville religieuse, abritant huit couvents, parmi lesquels le couvent des Unterlinden devait exalter au plus haut point la mystique chrétienne. Ville religieuse, elle était encore une ville d’art et de belles-lettres ; les fameux imprimeurs Decker s’étaient fixés dans ses murs ; le poète Wickram y représentait ses drames : les Dix âges de la vie, le Fidèle Eckart, l’Enfant-prodigue, Tobie ; Martin Schongauer naissait à Colmar, y inventait l’art de la gravure et y peignait ses chefs d’œuvre ; au sud de la ville, Mathias Grünewald ornait de sa terrible Crucifixion l’église des Antonites à Isenheim. Plus les années s’écoulaient et plus les classes élevés cultivaient les lettres françaises, les jeunes gens venant étudier chez nous la langue, la noblesse se piquant d’y apprendre les belles