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colongères, par exemple, où les abbayes remisaient la dîme et les récoltes, un vieux puits, une niche creusée dans un coin de mur, et, si l’on quitte la ville, la célèbre croix du cimetière, avec ses deux statues latérales de la Vierge et de saint Jean, qui date de 1507, une des plus magnifiques œuvres d’art alsaciennes.

Cependant, au seuil de leurs magasins, ou derrière leur vitrine, les boutiquiers, passementiers, chapeliers, orfèvres, conservant les mœurs des ancêtres, attendent, sans impatience, la clientèle ; on s’interpelle d’une porte à l’autre, on se communique les nouvelles. Les étalages ne changent guère, bonnets pailletés et brodés d’or, soieries, ornements d’église, colliers de grenats, boucles de chemises, bagues en argent. Des gens passent sans hâte, ils ont le temps de vivre, rien ne les presse, bourgeois à la tête blanche qui n’ont pas voulu déserter leur ville, au lendemain de l’annexion, jeunes gens qui continuent ce qu’ont voulu leurs pères, jeunes