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elle n’est pas orgueilleuse, elle est forte, elle est simple, elle veille, et les maisons s’abritent dans la quiétude qu’elle répand. Silence qui maintenant gagne tous les quartiers : les petites lumières qui brillaient derrière les fenêtres se sont éteintes ; chacun est rentré chez soi ; les vieilles maisons aux vieux toits sont endormies. C’est une ville du temps jadis…

… Le jour renaît, les boutiques s’ouvrent, les ouvriers vaquent à leurs besognes, on arrose les rues ; le tramway qui traverse la grande rue — le seul qu’il y ait à Colmar — essaie, avec son timbre, de faire l’important ; la ville travaille. Il faut la visiter maintenant pour voir ce qu’on a seulement aperçu hier dans l’ombre. Elle peut bien s’agiter, cette petite ville, et produire aux étalages de ses magasins les plus récentes nouveautés ; à chaque pas dans ses rues, c’est le passé qu’on rencontre, un passé intact, respecté, et qui paraît si naturellement être la seule réalité. Ce qu’on voit, ce ne sont pas seulement,