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têtes nues, se promènent bras dessus bras dessous…

Et de nouveau de petite rues calmes, ténébreuses, qui grimpent, descendent, tournent ; parfois accoudée à la fenêtre, une femme qui regarde la rue où il n’y a rien ; une maison peinte qui se dégage plus vivement dans l’ombre, une colonne sculptée, une porte cintrée avec deux marches de pierre et si usées !

Dans la paix de ces petites rues, une heure sonne au clocher de l’église paroissiale, sons graves, lents, espacés, que la vibration prolonge encore et qui emplissent le ciel. Où est donc l’église de Saint-Martin ? Perdu à travers ces ruelles, on ne la découvre pas. Elle est là, tout près. Il n’y a qu’à franchir un passage voûté : au milieu d’une vaste place déserte, elle dresse, enveloppée d’un silence profond, d’un silence vraiment religieux que le ciel bleu éclaire, sa grande tour solide de grès rouge que la nef semble suivre comme une compagne modeste. Tout est chétif autour d’elle et soumis, mais confiant aussi :