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marquis de Pezay. C’est, d’aventure, un soir d’été, qu’arrivant de France par les changeantes vallées vosgiennes, ou du pays de Baden par la plaine fastueuse, ou de Strasbourg par la ligne qui longe les montagnes couronnées de ruines, on s’y arrête, fatigué, une nuit, pour reposer, et qu’on la découvre.

C’est un soir… On descend du train, et comme, dans une petite ville, il ne doit pas y avoir de distance, on s’en va à pied, dédaignant le tramway. Une large avenue, avec des maisons blanches, construites la plupart encore sous le régime français ou dans les toutes premières années du régime allemand, et brusquement, au bord de l’avenue, un peu en contre-bas et prolongeant le jardin public, une place, le Champ-de-Mars. Elle est presque déserte ; trois vieux cochers et trois vieux chevaux y attendent sans fiévreuse espérance les clients. Elle est immense ; les rares promeneurs qui s’y attardent, et les rares habitants plus pressés qui la traversent, s’y perdent, s’y évanouissent, ne s’y voient pas : il