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Que ces champs allemands sont français ! Quel spectacle pour un roi ! »

Il n’est pas besoin d’être un roi pour goûter ce spectacle. Ce n’est pas seulement la beauté de la nature, mais c’est aussi le charme plus réservé de la ville qu’un jeune Français d’aujourd’hui, s’il a des yeux et de l’âme, éprouvera, mais avec une émotion plus intime, et cette émotion lui sera d’autant plus chère qu’elle l’aura plus vivement surpris. Entre ses deux grandes voisines, Strasbourg et Mulhouse, si importantes dans l’Alsace et à des titres si différents, Colmar, en effet, ressemble à une cadette de famille dont nul ne parle, qui est sacrifiée et qui se résigne. Bien que préfecture, ce n’est qu’une petite ville tranquille, la plupart des touristes la brûlent, les guides ne lui consacrent qu’une page ; elle ne possède ni très hauts fonctionnaires, ni considérables industriels, et les trésors qu’elle renferme, elle n’en fait pas étalage, elle ne sait pas enfin se pousser dans le monde, — et on ne lit plus les livres du