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L’influence du théâtre de Strasbourg a été très grande. En face du théâtre allemand officiel, dédaigné des habitants, se dressait un autre théâtre, fidèle image des mœurs du pays. Les spectateurs retrouvaient dans les pièces l’exacte reproduction de leur vie. L’action présentait, dans un cadre familier, et sous le costume national, les différents types alsaciens, paysans, ouvriers, bourgeois, petits employés et petits rentiers, avec le caractère spécial, les idées, les sentiments, les manies, les préjugés, créés par deux siècles français et par le voisinage de l’Allemagne. L’esprit alsacien, naturellement moqueur, trouvait dans cette peinture réaliste de quoi s’exercer. Une littérature locale naissait, qui conserverait tout ce que l’Alsace devait au génie français et à son génie propre, et la vieille province garderait ainsi fidèlement sa physionomie si originale, puisque son idiome s’élevait au rang de langue littéraire et que ses enfants, auteurs dramatiques, puisaient leurs inspirations dans le trésor populaire. Puis-