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quatre ans à peine, les yeux les plus exercés auraient vainement essayé de découvrir sur un édifice quelconque l’affiche que j’avais lue. Quelle cause soudaine, ou lente et sourde, avait donc présidé, au milieu de tant d’Allemands soucieux de germaniser une ville française, à la naissance de ce théâtre local et réaliste ?

Assurément, les premiers essais de littérature en idiome alsacien ne datent pas d’hier, et la première œuvre dramatique remonte à 1814, époque où Daniel Arnold, doyen de la faculté de droit de Strasbourg, écrivit son Pfingstmontag, Lundi de Pentecôte. Dans cette pièce, dont les personnages principaux sont un Strasbourgeois familiarisé avec le régime français et un Allemand immigré, la ville est dépeinte sous tous ses aspects, avec ses rues, ses places, ses auberges, ses lieux de plaisir. On y entend les différentes sortes du patois national, celui du Haut-Rhin et celui du Bas-Rhin, celui des paysans, celui des Israélites, celui des pasteurs réformés. On