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LE BEAU JARDIN

Alsace le fassent éprouver aux Alsaciens.

Depuis quelque temps, les Français viennent, très nombreux, en Alsace. C’est très bien ; ce n’est pas suffisant. Beaucoup, d’abord, ne savent pas voir, ils arrivent, ils passent, ils sont partis ; ils ont parcouru un musée et visité une église ; et, parce qu’ils ont entendu parler le dialecte, ils se persuadent que l’Alsace se germanise. Ils n’ont vu ni la beauté toujours jeune de l’éternelle nature, ni la vieille beauté des vieilles villes. Ils n’ont pas senti la douceur provinciale des mœurs, la bonhomie narquoise des caractères, leur dignité aussi. Ils ont encore moins pénétré, sous les apparences allemandes officielles, la vérité française. Enfin, ils ne connaissent pas l’Alsace.

Ceux-là seuls connaissent l’Alsace, qui y séjournent ; et une fois qu’ils la connaissent, ils lui sont à jamais acquis. Qu’ils ne se contentent pas de descendre à l’hôtel, puis de se promener dans la ville, un Bædeker ou un Joanne à la main. Qu’ils aillent d’abord,