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HUMOUR ET HUMORISTES

d’Avray, loin des amis du boulevard et des p’tites femmes, et des salons et des théâtres. Félicitez-moi : il m’a fallu beaucoup de courage pour vaincre ma paresse.

« L’air était si tiède, tous les arbres bourgeonnaient ; le soleil caressant jetait sur la forêt de l’or, de l’argent, du vermeil, et les oiseaux sautaient et gazouillaient à perdre haleine… une vraie campagne, enfin, de romance ou d’opéra-comique. Ah ! la joie de s’en aller à deux, dans les sentiers en fête, en chantant des refrains langoureux de café-concert, et de s’attarder près d’une source claire sous l’ombre épaisse des chênes, pour de futiles besognes ! Hélas ! je fus stoïque. Nulle bien-aimée blonde ou brune ne vint troubler du froufrou de ses jupes, de la gaieté de son sourire, de l’aguichement de ses yeux, mes patientes études, et je connus les affres de la chasteté…

« Je connus aussi la sainte beauté du travail, et mon âme ne regrette rien… Cependant, ce que j’avais rêvé ne s’est point réalisé. J’avais rêvé de longues dissertations, avec