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HUMOUR ET HUMORISTES

bruyants corbeaux, se déployèrent aussi radieux que s’ils s’étaient habillés tout battant neuf pour cette occasion. Le ruisseau, par imitation, ne voulut pas rester plus longtemps gelé, et se mit à courir vivement, à trois milles de là, pour en porter la nouvelle au moulin à eau[1]. »

Cet impérieux besoin d’individualiser ne va pas sans le mépris de tout ce qui n’est pas naturel, car tout ce qui dépasse la nature l’affaiblit ou l’exagère, ne frappe pas les sens, mais les trompe. Arrière les clichés, les truismes ! L’humoriste tantôt s’en moque par la gravité même avec laquelle il les emploie, tantôt il les raille ouvertement, tantôt il souligne leur vétusté ridicule en les accolant à quelque expression originale. Vous pensez bien aussi que tous les monstres fabuleux, dragons, chimères, que toutes les histoires routinières, toutes les légendes, tous les vertueux et mensongers récits, dont il est usuel de se servir au cours de la conversation,

  1. Vie de Martin Chuzzlewit, t. I, pages 74, 75.