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HUMOUR ET HUMORISTES

troduit enfin dans la vie sensible et nous le montre, pensant en effet avec lumière, mais aimant mal. Jean-Paul remarque d’autres minuties à l’égard des sens. L’humoriste fait toujours précéder ou suivre, pour le mieux expliquer, tout acte intérieur d’un acte corporel, et ne manque point à indiquer les quantités exactes d’argent, de nombre et de grandeur, alors qu’on ne s’attend qu’à une expression vague. Il dit « un chapitre long d’une coudée » au lieu d’« un chapitre très long » ; « cela ne vaut pas un liard rouge », au lieu de « cela ne vaut rien » ; « mon père rougit de six teintes et demie », au lieu de « mon père rougit jusqu’aux oreilles. »

« De là aussi, le caractère propre des descriptions humoristiques. Ce ne sont plus les habituelles descriptions, colorées, enthousiastes et banales, avec l’ordinaire bric-à-brac du soleil, des arbres et de l’eau. Il faut de la vérité, il faut en même temps signaler l’aspect comique des choses ; il faut enfin une description exacte à la fois et amusante. Vous rappelez-vous celle du vent, au début de Martin