Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
HUMOUR ET HUMORISTES

« Mes paroles vous surprennent ? Vous me traitiez sans doute, en vous-même, de vieille perruque, et vous me jugiez incapable, parce que je chéris les anciens et les auteurs du grand siècle, de goûter ceux de nos contemporains à qui l’on reconnaît du talent. Oh ! jeunesse ! jeunesse !

— Vous m’étonnez un peu en effet, lui dis-je, mais vous me réjouissez plus encore ; car tout ce que vous venez d’exprimer, je le pensais. Je craignais seulement, comme je suis jeune et enclin aux faciles enthousiasmes, d’aller peut-être trop loin dans mon admiration.

— Oh ! ce n’est pas, reprit-il, que je me dispense des restrictions. En se gardant de toute joie et de toute tristesse excessive, à force de chercher en toute chose à tenir le juste milieu, ils manquent, j’en ai peur, de sensibilité. J’appréhende que leur cœur ne soit un peu racorni ; j’aimerais les voir pleurer : les pleurs sont une parure de l’âme.

— Vous trouverez, pour vous contenter, des humoristes larmoyants chez les étrangers.