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HUMOUR ET HUMORISTES

Je présume que quelques humoristes m’en voudront d’avouer une telle estime pour les clowns. « Eh quoi, diront-ils, vous nous comparez à des paillasses, à des Augustes, à de vulgaires saltimbanques, qui sautent et se roulent dans le sable ! Vraiment l’affection que vous nous portez est bizarre et vous avez une étrange façon de recommander vos amis. Déjà le public se défiait de nous. Quelle opinion va-t-il avoir maintenant ? »

Je ne leur répondrai pas ; je me tournerai vers les clowns et leur dirai seulement ces mots :

« Ô clowns, clowns fardés et peints, comme l’on vous méconnaît ! Aux heures où, sur le sable des cirques, et le parquet feutré des music-halls, vous prodiguez l’ironie tranquille de vos discours et la folie de vos culbutes, vous êtes des sages. Sans doute vous ne le savez pas ; c’est pourquoi vous l’êtes vraiment, puisque vous vous ignorez vous-mêmes. La tradition veut que les paroles de vérité sortent de la bouche des fous, car les fous diffèrent des sots. Hamlet, Falstaff, Triboulet tiennent