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HUMOUR ET HUMORISTES

Chocolat ne comprend goutte. « En anglais, maintenant », reprend Foottit ; et de nouveau il émet des sons bizarres, que j’imagine avec complaisance être anglais, ne connaissant aucun mot (pas même yes) de cette langue. Chocolat s’obstine à ne rien comprendre et reste immobile. « En chinois, alors. » Chocolat, tout à fait ahuri, sent la folie naître en son cerveau. Foottit s’impatiente. « En français, puisque vous ne savez pas d’autres langues. » Et le voilà qui, semblable aux vieux adjudants ou aux vieux capitaines, mangeurs de syllabes, ne hurle plus que des onomatopées, français bien militaire, mais aussi inintelligible que du patagon. Chocolat, épouvanté, jette son fusil.

J’ai cité ces trois exemples, parce qu’ils m’ont paru tout à fait caractéristiques. Ils exigent, en effet, tous trois un sens très fin et très exact de la vie ; ce sont, si vous voulez, des déformations de la réalité, qui reposent sur une observation minutieuse et ironique de cette même réalité, et il faut les présenter au public avec les fantaisies, la grâce et le naturel qu’on attend de tout bon humoriste.