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HUMOUR ET HUMORISTES

vient-il pas vraiment lui aussi, un humoriste ?

Je me souviens de deux clowns, glabres et petits, à mine d’enfants chétifs, qui jouaient il y a deux ans aux Folies-Bergère. Ils simulaient des tours inouïs, qui dépassaient toute imagination, et toute capacité humaine, encore bien plus. L’un d’eux, le plus grand, était attaché par les jambes, les bras et les épaules à des fils de fer assez fins pour que, tout en les voyant, on n’y prêtât pas attention. Il pouvait, ainsi soutenu, prendre, sans le moindre effort, les positions les plus contraires aux conditions élémentaires de toute statique, et accomplissait avec son camarade d’invraisemblables exercices.

Celui-ci, de taille minuscule, s’avançait vers le public, saluait, revenait vers le fond de la scène et tendait d’un beau geste robuste son bras horizontalement. L’autre aussitôt s’y accrochait avec les mains et, doucement remonté par les fils de fer, exécutait un magnifique rétablissement, puis se mettait, jambes en l’air, en équilibre sur le poignet, ou l’un des doigts.