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L’HUMOUR CHEZ LES CLOWNS

amusante et sombre idée, et n’être pas un humoriste. C’était à certaines heures, avec moins d’exagération, celle de Schopenhauër, et bien qu’il maniât d’une main de maître l’ironie froide et amère, on ne peut élargir le sens du mot humoriste jusqu’à lui donner ce nom. Reconnaissez pourtant que cette idée se base sur l’observation de certains faits particuliers, que l’ironie vint ensuite généraliser, et étendre à tous les hommes, et accordez-moi que, plus que tout autre, elle doit engendrer l’humour. Celui qui ne voit dans le monde qu’une parade de foire, et en ses habitants que des baladins de place publique, est naturellement frappé quand il regarde autour de lui par tout ce qu’il y a de comique en eux. Combien plus encore les clowns dont le métier même consiste à parodier par des mimiques expressives ou des paroles dénuées de bon sens, les gestes, les actions, les pensées de ceux qui l’entourent. Et quand il l’accomplit avec une gaieté pleine de souplesse, d’imprévu, de virtuosité, en restant toujours naturel et en gardant un inaltérable sens critique, ne de-