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L’HUMOUR

écrivain si réfléchi, si attentif, d’une sensibilité si fine, ne songe qu’à moraliser : il prêche dans ses écrits et on l’écoute, car l’ennui a fui ses sermons : une humeur enjouée les pare et les allège, une gaieté grave, une bienveillante raillerie, un bon sens incisif, toujours maître de lui, mettent dans tout ce qu’il écrit le charme d’une souriante bonté. Je ne sais pas d’ironiste plus aimable.

— Vous avez été nourri aux belles-lettres et vous vous en souvenez : ce parallèle à la manière classique me réjouit… Mais enfin, si je vous entends bien, tous ces humoristes raillent, et l’humour se confond avec la raillerie et la gaieté.

— Non ! On peut inventer les plus folles histoires et conter les aventures les plus gaillardes, on peut, durant toute une vie, soulever chez d’innombrables lecteurs des rires intarissables, ou amener sur leurs lèvres des sourires délicieusement pervers et manquer d’humour, ab-so-lu-ment.

— À qui vous en prenez-vous donc ?

— À qui ? à tous ceux (et je reste chez nous)