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HUMOUR ET HUMORISTES

n’y manquait. Les hirondelles sillonnaient le ciel bleu et pâle de leurs vols rapides et droits, et des rayons de soleil divinement timides encore glissaient sur les chaussées et les maisons. Des femmes passaient en robes claires avec des caresses dans les yeux ; les faces larges des cochers rougeoyaient et leurs injures montaient dans l’air, en même temps que des bruits de baisers. L’odeur des lilas à peine éclos parfumait les rues. Et je trouve cruellement ironique que, chantre éperdu des premières feuilles et des premières fleurs, il ait choisi pour s’enfuir un matin d’avril. J’eus voulu qu’il nous quittât un soir d’hiver. Sa mort eût gagné en tristesse. Nous aurions pu croire qu’il succombait à un languissant regret de l’été défunt.

« Hélas ! qui le remplacera ? M. Silvestre appartenait à cette forte race d’hommes qui, après dîner, entre la fine Champagne et le cigare, déboutonnent leurs gilets pour rire avec plus d’éclat au récit de farces odorantes. Il était le dernier de ces auteurs joyeux dont les œuvres s’intitulent Contes grassouillets, Contes