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HUMOUR ET HUMORISTES

découragés tu as ébauchés ici, en commençant ta besogne coutumière, et que de bâillements même pas étouffés ! Tu te croyais seul et tu permettais à ton âme des épanchements en termes familiers, mais j’étais là. Je te connais, je te connais tout entier, et tu rêves une vie différente, une vie plus utile, plus noble, et tu te désespères de ne pas la trouver.

« Et le remords des bouffonneries passées déchire ton âme.

« Ah ! tu peux rougir, et pâlir, et te frapper la poitrine, humblement et fortement. Qu’as-tu fait jusqu’ici ? Depuis des années, tu publies dans les gazettes des proses de pince-sans-rire, sur les quotidiens événements, et nul ne manie la blague avec un art plus perfide et savant. Ta philosophique irrévérence, fille d’un nihilisme absolu, ne respecte rien. Assassinats, pestes, inondations, banqueroutes, elle joue avec les plus épouvantables scandales et badine avec les plus douloureuses misères, comme si toute chose n’avait de prix que pour le rire qu’elle éveille, et les calembours qu’elle suggère.