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HUMOUR ET HUMORISTES

tres, de féminines figures, en résilles ou en bonnets, avec des papillotes ou des bigoudis, et les servantes ne songeaient pas à secouer sur les rares passants la poussière des tapis et les miettes des nappes. Il n’y avait même pas d’homme à casquette grise et à tablier bleu pour offrir, d’une voix glapissante, du mouron aux personnes sensibles qui nourrissent les petits des oiseaux. Morphée régnait encore en ces lieux déserts.

M. Tristan Bernard, les jambes étendues, les mains unies sur le ventre, dormait. Lentement, les minutes s’en allaient. Sa tête alourdie croulait sur sa poitrine parmi les flots noirs de sa barbe. Le quart, la demie tintèrent, puis comme le dernier coup de la demie venait de s’éteindre à jamais, il fit un beau rêve.

La porte s’ouvrit avec douceur ; à petits pas pressés, les coudes au corps, un vieux monsieur se glissa dans la chambre. Il était grand et vigoureux encore. Des cheveux grisonnants et bouclés couvraient sa tête, au-dessus du front haut et poli, et une barbiche à deux