Page:Acker - Humour et humoristes, 1899.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
GEORGES AURIOL

nouvelles — car tu en as besoin. Mais non, tu préfères jacasser tout seul, dans ce vieux café perdu, et demain tu viendras nous parler de pale-ale, de stout, de whisky, de gin, de genièvre, de sherry-gobler, de brandy, de cocktails, et tu nous diras que tu t’es assis sur des rocking-chair, avec des captains anglais, en écoutant des miss et des mistress à figure de Keapsake, ou regardant de petites bonnes flamandes aux pas silencieux. Ah ! ah ! quel décor et quels accessoires vas-tu nous tirer de ton magasin, marchand de bric-à-brac ?

« Tu souris, tu te fiches de moi, et tu penses tout de même que tu as bien du talent et du charme, et que vraiment avec ton style bonhomme et ton amour des êtres simples et antiques, tu appartiens à la bonne vieille école des conteurs provinciaux, lorrains, picards, limousins ou alsaciens, comme moi qui te parle. Malheureux, nous sommes sincères, mais toi, tu te moques de tout le monde, et sans remords. Ta seule joie c’est de barbouiller en noir de grandes feuilles blanches, et d’aligner les jambages, les pleins, les