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HUMOUR ET HUMORISTES

« Vous direz comme moi, n’est-ce pas ? petites filles blondes, petites poupées pâles, qui jacassez avec effronterie, ou balbutiez timidement dans mes contes hebdomadaires ; et vous de même, doux maniaques, doux indécis, petits hommes ronds aux cheveux rares qui jouez d’interminables manilles, fumez d’innombrables pipes, et buvez d’intarissables bouteilles de pale-ale… Non, en vérité, ils ne me contrediront pas. J’ai ouvert, avec délicatesse, la boîte de leur crâne, et j’ai regardé, curieusement, ce qui pouvait s’y cacher. Je n’y ai rien vu, ou presque rien : c’étaient des têtes légères et vides, sans soupçon de cervelle. Seuls quelques fils blancs couraient, serpentaient, en s’entrelaçant, et j’ai cru y reconnaître les ficelles qui font remuer les bras et les jambes des pierrots et des polichinelles. Même les petites femmes perverses, si grassouillettes, si potelées, si vives, dont j’ai chanté les erreurs et les gamineries, elles me sont apparues avec les gestes menus et innocents d’insoucieuses et d’inconscientes enfants. Oui, oui, oui, rien de ce qui est naïf ne m’échappe. Les petites