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ALFRED CAPUS

tailles nouvelles n’avaient pu rendre grave, fleurit les lèvres du représentant.

— Que tout cela me paraît vain ! fit-il. Qu’importe qu’on vous appelle humoriste, réaliste, pince-sans-rire ? Dans cinquante ans, qui de nos petits-fils se souviendra de nous ? On ne saura peut-être même pas que nous avons existé. Alors quoi ?

« La littérature ne mérite pas qu’on s’attriste à cause d’elle. Un simple joueur de flûte vivra plus longtemps que nous. Mon ami, il vaut mieux s’occuper de comestibles, de cotonnade ou des affaires de l’État. Tenir en politique un rôle important, prendre part aux luttes qui se livrent pour ou contre le gouvernement, c’est assurer à son nom une durée certaine. L’histoire ne collectionne pas seulement les faits, elle collectionne encore les états civils de ceux qui les créèrent ou les dirigèrent. Faites comme moi : assurez votre immortalité. »

Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, M. Capus écoutait.

Il eut un haussement d’épaules désabusé.