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HUMOUR ET HUMORISTES

cette lévitation, en supprimant tout appareil. Une nuit, en mer, un steamer anglais coupa en deux le vaisseau qui le portait. A. Allais nagea quelques heures, puis perdit toute force et se laissa couler. Mais voyez comme il savait conserver dans les moments les plus critiques toute sa lucidité de logicien. Du talon de sa botte, il détacha de la coque du brick un bout de fer : il l’émietta dans ses mains — car il était doué d’une force herculéenne — et l’avala. Il empoigna ensuite une des touries naufragées d’acide sulfurique, et en but quelques gorgées. Or, messieurs, une loi connue de tous, c’est que le fer, l’eau et un acide, mis en contact, dégagent de l’hydrogène. A. Allais n’eut qu’à fermer la bouche : au bout de quelques secondes, gonflé du précieux gaz, il regagnait la surface des flots. Il avait cependant mal calculé la poussée des gaz — on ne saurait le lui reprocher, car le fond de la mer ne constitue pas un parfait cabinet d’études. Il fut donc enlevé dans les airs, au lieu de surnager. Ravi de cet incident imprévu, il parcourut ainsi quelques kilo-