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L’île Ste. Hélène

barquement. Aussitôt le steamboat accosté, on se précipitait, on se ruait de tous côtés ; quelques-uns accomplissaient de véritables tours d’acrobates, escaladant les murailles de bois que les commissaires avaient élevées pour protéger l’opération, naviguant par-dessus les têtes, s’accrochant ici, se suspendant là ; tandis que le commissaire, la boutonnière ornée de sa rosette, aidé du capitaine, des hommes de l’équipage, tous, campés comme des athlètes, s’efforçaient à coups de poumons, d’épaules et de bras, à contenir cette marée montante et à régulariser le flot. En quelques secondes le steamboat envahi ressemblait à une fourmilière. À quelque distance de la rive, on n’apercevait plus du vapeur que les tuyaux des cheminées ; les bastingages, les ponts, le pavillon du pilote même, disparaissaient ; on aurait dit une épave flottante couverte de naufragés en vue d’une terre libératrice.

Sur l’île, à l’arrivée et au départ, les mêmes scènes se renouvelaient.

Nous avons vu là dans la foule une famille de cinq personnes enlacées autour de leur chef, comme les serpents autour de Laocoon, séparées tout d’un coup par un