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L’île Ste. Hélène

ment d’une poussière de cristal, et les énormes glaçons du fleuve, soudés ensemble, laissaient éclater à leur surface les reflets bleuâtres de leur profondeur, comme s’ils avaient emprisonné un pan d’azur dans leurs arêtes prismatiques, ou laissé filtrer à travers leur transparence la lumière d’un ciel submergé.

Signe incontestable d’une température sibérienne, deux jets intermittents de vapeur floconneuse s’échappaient des voies respiratoires des hommes et des chevaux, dont les mouvements et la marche semblent, par ces froids aigus, obéir aux effets d’un engin placé dans l’intérieur.

Profitant de la beauté de cette après-midi et de la solidité du pont de glace, lequel, durant trois mois d’ordinaire, relie l’une à l’autre les deux rives du fleuve, votre serviteur, accompagné de deux amis, arriva après une course à l’allure du jour, c’est-à-dire au pas accéléré, à l’extrémité méridionale de l’isle Ste. Hélène.

À cette époque, l’autorité militaire gardait avec un soin jaloux les abords de ce domaine mystérieux, et l’hiver était le seul moment propice pour qui voulait fouler ce sol, gardé non par des hydres