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accourue, ne pouvant en tirer un seul mot, se mit à gémir avec elle. Mais il fallait bien que Bella se confiât à quelqu’un : elle avoua enfin à la vieille qui elle avait revu ; elle lui dit que tout ce qu’elle apprenait, que cette existence dans une ville lui étaient insupportables ; qu’elle serait bien heureuse d’habiter dans une petite maison, hors de la ville, dans un grenier, d’où elle pourrait voir à son aise fleurir le printemps et l’été, dont elle ne voyait l’effet que dans des fleurs en bouquets ou sur de pauvres arbustes en caisse.

— Dans les nuits tranquilles et silencieuses, je voudrais voir la campagne et prier.

Lorsque Braka eut entendu tout cela, elle battit des mains.

— Tu comprends donc maintenant ce que je te disais au jardin avant de partir pour Buick ? Mais il ne s’agit pas de cela, je t’indiquerai un moyen qui te servira plus que tes soupirs et tes prières. Tu peux, tu dois avoir cet homme ; car, ma chère enfant, j’ai formé là-dessus depuis longtemps un plan qui a été approuvé par tous les chefs de notre peuple. De ce prince qui héritera de la moitié du monde, tu dois avoir un enfant, qui, grâce à son père, pourra rassembler les restes épars de notre peuple, et le ramener dans le foyer de ses ancêtres. Ne pleure donc pas, cela