dans la ville ; ils triomphaient, mais en tremblant encore, d’être entrés sans difficulté ; ils se dirigèrent vers la place du marché, où se trouvait une maison que la mère Nietken avait à louer, et s’y installèrent sans autre événement remarquable.
Les deux premiers mois furent consacrés à apprendre les belles manières ; on eut des maîtres et des maîtresses de toute sorte. Quand la vénérable Braka faisait quelques fautes, elle disait que cela venait du pays d’Hadeln, où les manières de la noblesse n’étaient pas encore bien formées. Bella acquit bientôt dans toute sa personne l’air de la meilleure compagnie ; elle parlait l’espagnol avec facilité. Quelqu’enfermée qu’elle se tînt, elle n’en était pas moins le sujet des conversations de tous les jeunes gens qui, chaque jour, venaient à cheval devant sa maison pour la voir et pour attirer son attention. Cornélius n’allait pas très bien à sa nouvelle position ; les vêtements étaient étroits et le gênaient extrêmement ; l’escrime le fatiguait jusqu’à le faire évanouir. Au manège, malgré ses grimaces furieuses, il ne pouvait empêcher qu’on rît de lui, à cause de sa taille ; et, par sa perpétuelle agitation, il effrayait les chevaux les plus doux, qui ne manquaient jamais de le jeter par terre, ce qui, du reste, ne le rebutait pas, car il re-