— Prends la peau de cette ourse, elle pourra te servir. Seulement, ôte-la sans la déchirer ; je veux te rendre riche, mais pour cela il faut rester sept ans à mon service. Pendant sept ans, il faut, toutes les nuits, à minuit, monter la garde pendant une heure à mon château ; pendant sept ans, tu ne dois te couper ni te nettoyer les cheveux, ni la barbe, ni les ongles, ne jamais te laver, t’épousseter, ni te parfumer ; le jour, tu auras pour t’éclairer la lumière du soleil, et la nuit celle de la lune et des étoiles. Tu auras du bon vin et du pain de munition ; mais surtout tu ne devras jamais prononcer ni Pater, ni Ave.
Le lansquenet accepta tout, et dit au génie :
— Tout ce que tu me défends de faire, je ne l’ai guère fait dans ma vie ; je n’ai pas souvent usé de peignes, d’éponges, ni de prières ; et tout ce que tu m’ordonnes de faire ne me sera pas difficile après un bon verre de vin.
Là-dessus, il endossa sa peau d’ours, et le génie le conduisit à travers les airs, dans un château isolé, situé au milieu de la mer, où il commença son service. Le lansquenet resta six ans et demi dans sa peau d’ours. C’est de là qu’il prit le nom de Peau-d’Ours ; sa barbe et ses cheveux avaient tellement poussé, et s’étaient tellement enchevêtrés, qu’il n’avait plus