mation de cette carotte garnie de membres et douée de vie ; elle le trouva bientôt.
Il fallait d’abord laver la mandragore ; elle le fit ; puis lui semer du millet sur la tête, et une fois ce millet poussé et transformé en cheveux, les autres membres se délieraient eux-mêmes ; elle devait ensuite à la place de chaque œil placer une baie de genièvre, à la place de la bouche le fruit de l’églantier.
Par bonheur elle pouvait se procurer tout cela ; la vieille lui avait apporté récemment quelques grains de millet qu’elle avait volés ; le genièvre, son père s’en servait pour parfumer sa chambre : comme elle ne pouvait souffrir cette odeur, il lui en restait une poignée qu’elle n’avait jamais touchée. Il y avait dans le jardin un églantier encore couvert de fruits rouges, dernière parure de l’année expirante. Tout était prêt ; elle mit d’abord le fruit de l’églantier à la place indiquée, mais elle ne s’aperçut pas qu’en y déposant un baiser, elle l’avait fait entrer de travers ; puis elle lui planta les deux baies de genièvre. Elle trouva que cela lui seyait si bien, qu’elle lui en aurait volontiers mis une douzaine, si elle eût trouvé la place ; elle pensait bien à lui en mettre par derrière, mais elle craignait qu’ils ne fussent pas suffisamment garantis ; cepen-