mandragore sur son cœur, en lui ôtant la terre qui couvrait encore ce petit être, et en le débarrassant des pousses qui le gênaient. Du reste il paraissait ne rien sentir ; son haleine sortait irrégulièrement par une ouverture imperceptible qu’il avait à la tête ; lorsque Bella l’avait bercé quelque temps dans ses bras, il portait ses mains à sa poitrine pour indiquer que le mouvement lui plaisait ; et il ne cessait de remuer bras et jambes qu’elle ne l’eût endormi en recommençant ce mouvement.
Après cela elle rentra avec lui à la maison. Elle ne fit pas attention aux aboiements des chiens, ni aux marchands disséminés sur la route, qui se rendaient vers la ville pour être les premiers à l’ouverture des portes ; elle ne voyait que le petit monstre qu’elle avait soigneusement enveloppé dans son tablier. Elle arriva enfin dans sa chambre, alluma sa lampe et examina le petit être ; elle regrettait qu’il n’eût pas de bouche pour recevoir ses baisers, pas de nez pour donner un passage régulier à son haleine divine, pas d’yeux qui laissassent voir dans son âme, pas de cheveux pour garantir le frêle siège de ses pensées. Mais cela ne diminuait en rien son amour. Elle prit son livre d’enchantements et chercha le moyen à employer pour développer les forces et compléter la for-