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la dame, lisez-nous votre pièce de vers sur le baptême de mon petit chien Cartouche.

À ces mots, ceux qui écoutaient de dehors éclatèrent de rire, ce qui mit le désordre dans la fête. La femme gronda, les chiens aboyèrent, le général congédia tous ses gens ; les curieux s’enfuirent, et le lendemain la maison fut entourée d’un haut treillis de fer, de sorte qu’il était impossible de savoir ce qui se passait à l’intérieur.

Ce treillis intercepta dès lors toute nouvelle de l’hôtel du Majorat.

Pendant les guerres de la révolution, la ville eut à s’occuper de bien d’autres lieutenants et d’autres généraux. Dans cette époque de bouleversement, les vieux qui ne pouvaient s’y mêler, ni en suivre le mouvement, mouraient inaperçus. C’est au moins ce qui arriva au seigneur du Majorat, à sa femme et à ses chiens, à la suite de plusieurs scènes où un officier allié, se considérant comme chargé de rétablir l’ordre, chassa les chiens de la belle manière, et voulut faire rentrer le vieil héritier du Majorat dans ses droits sur sa maison.

Pendant ce temps, la ville tomba au pouvoir de l’ennemi ; les fiefs et les majorats furent abolis, les Juifs émancipés, et le continent traqué comme un