nant se coucher à côté du prince ; la jeune fille, après quelques hésitations, se décida à ôter ses souliers et ses bas, pour ne pas faire de bruit en marchant, et à quitter sa robe, dans la crainte de renverser quelque chose, et pour pouvoir plus vite se sauver vers la porte qu’elle devait laisser ouverte. Bella n’avait aucune inquiétude ; elle était heureuse de pouvoir s’approcher du prince, et ne réfléchissait pas si l’entreprise de la vieille était raisonnable ou non.
Elle se dirigea avec précaution vers le lit du prince ; il dormait si profondément qu’elle put facilement lui ôter ses armes. La vieille les regardait tous deux avec joie. Bella, selon l’usage des bohémiennes, avait une longue chemise de toile bleue, retenue par une boucle d’or : elle s’approchait tout doucement du prince, tendant vers lui ses bras blancs et ronds ; ses cheveux tombaient en mille mèches de jais. Elle le regarda avec des yeux pleins d’amour ; mais bientôt elle n’y tint plus et ses lèvres vinrent s’appuyer sur celles du prince.
Jusque-là tout s’était bien passé ; mais le prince, réveillé par ce baiser, les yeux encore pleins des visions du sommeil, sauta du lit avec précipitation, et tout haletant s’enfuit en criant dans la chambre voisine ; son pistolet, son épée, il avait tout oublié : de telles