rat, que personne ne connaissait, essayant de ranimer la malheureuse Esther. C’était en vain : il leur raconta ce qu’il avait vu, et comment Vasthi l’avait étouffée. Le fiancé s’écria :
— C’est certainement vrai ; je l’ai vue monter, je l’ai vue descendre en se cachant, mais j’en ai eu peur !
Les fossoyeurs lui reprochèrent ces paroles impies, et prétendirent que cet étranger n’était qu’un fou, ou peut-être même un voleur qui avait inventé ce mensonge pour échapper à la justice. Alors l’héritier du Majorat prit le verre d’eau et dit :
— Aussi vrai que la Mort a trempé son glaive dans cette eau et l’a empoisonnée, aussi vrai est-il que Vasthi a étouffé Esther à mes yeux.
À ces mots il vida le verre et tomba sur le lit. À l’éclat de ses yeux, à la pâleur de ses lèvres, tous virent bien qu’il était gravement atteint, et ils écoutèrent religieusement ses paroles entrecoupées.
— La vieille l’avait déjà tuée depuis plusieurs années ; Esther lorsqu’elle est morte n’avait plus qu’une apparence de vie que lui avait conservée la rapacité de la vieille et son irréalisable amour pour moi. Maintenant elle a été rappelée au ciel de sa foi ; elle l’a trouvé ! et moi aussi, je vais le retrouver mon ciel, c’est-à-dire le calme et l’immobilité du bleu éternel ;